dimanche 27 février 2005

The Chameleons - Script of the bridge (1983)


Incroyable révélation Interpol existait déjà en 1983 !!! à l’époque ils se faisaient appeler The Chameleons (déjà un nom ridicule), écoutez l’album Script Of The Bridge même chanteur mélodramatique,même basse plombée, même tambours qui pétaradent même sens de l’atmosphère hou hou fait moi peur mon kiki , les ressemblances sont frappantes à tel point qu’on se demande si les Camé Leon non pas pris une machine à voyager dans le temps pour tout pomper aux méchants interpopol.

Ps : j’aime bien Interpol et les Chameleons

mardi 22 février 2005

Chromosome 3 - David Cronenberg (1979)

Brrrrrr, esthétique mortifère fin seventies, toute une gamme de gris frissonnants, gnomes tueurs, pustules eczéma et antipsychiatrie un vrai bonheur quoi !! Voilà on est bien chez le charmant Cronenberg et ses gentilles obsessions, d’ailleurs on est tellement chez lui que c’est peut être son seul film implicitement autobiographique, à l’époque,sa femme avait rejoint une sorte de secte anti-psychiatrique et il avait pris le risque de kidnapper sa propre fille, le film raconte en le sublimant tout ça, le divorce la secte … Pour le reste c’est un film totalement funèbre qui suintent de grisaille et qui ose des scènes irréalisables, le meurtre de l’institutrice au milieu des enfants, la naissance du monstre et l’Utérus externe !! un moment d’horreur pur qui mène tout droit chez Burroughs, la fillette agressée par les gnomes, le film est comme un conte de fées dopé et peut être l’équivalent cinématographique de l’univers terrifiant de Bruno Schultz.

jeudi 17 février 2005

Sébastien Schuller - Happiness



Bonne surprise ce disque est presque très bon !!! Délicat subtil, et un peu perfidement mélancolique, on pense aux productions de chez Morr Music à Radiohead voir à quelques embruns échappés du dernier Blonde Redhead , on pense aussi à Air mais alors un Air plus consistant ou l’alchimie entre voix et musiques serait moins dans le vide, pour résumer une jolie surprise donc, reste à savoir si au bout de cinq écoutes ce sera toujours aussi agréable ou alors ennuyeux comme une sentiment éteint.

mardi 15 février 2005

Antonello de Messine



La Vierge de l’Annonciation 1475

Palette de couleurs réduite mais émotion intense, Antonello de Messine si il est inspiré par l’art flamand et Pierro della Francesca se libère de ses influences massives comme tout grand peintre, ici rigueur géométrique formes douces simples et retenues,traitement quasi minutieux des détails qui renforcent l’intimité entre le tableau et ses scrutateurs Antonello de Messine a aussi introduit l’usage de la peinture à l’huile qui venait du nord dans la peinture Italienne

http://www.wga.hu/art/a/antonell/virgin_a.jpg

lundi 14 février 2005

Petite selection Jazz

Antonio Carlos Jobim-Amparo

Du Jazz hum ! Evidemment on est très près de Fauré ou Debussy mais se sont des références récurrentes chez de nombreux Jazzmen, extrait de l’un des plus beaux albums de Jobim « Stone Flower » c’est un titre délicieusement nostalgique.

Billy Higgins / Charlie Haden / Chet Baker / Enrico Pieranunzi-Silence

Même si le Jazz peut être une musique d’homme seul au monde c’est souvent avant toute une histoire de rencontre d’alchimie qui se révèle au fils des improvisations, ici tout est parfait d’une fluidité quasi miraculeuse et la trompette de Chet aérienne souveraine est l’expression même de cette fluidité.

Bill Evans- Re Person i Knew.

Plus que la note bleue Bill Evans cherche la blancheur absolue, une sorte d’abstraction quasi-Mallarméenne on pourras dire aussi qu’il cherche à côtoyer le divin comme JS Bach, derrière la virtuosité technique la « coolitude » West Coast un grand moment de sincérité enfouie.

Tony Fruscella - His Masters Voice.

Le Jazz est aussi fait d’histoire terrifiante ou magnifique, de destins cramés, Tony Fruscella mort à 42 ans Alcoolique et sans domicile fixe laisse trois enfants et quelques traces de son talent sur quelques bandes magnétiques qui se disséminent doucement comme de précieux secrets.

Chet Baker - There's a Lull in My life

Une guitare discrète et une voix, mais quelle voix ! En fait tour de magie magnifique chez Chet Baker l’émotion est chez l’auditeur et non chez le chanteur qui lui cherche grâce à l’absence de vibrato un abandon dans le neutre, c’est pourquoi Chet est intuitivement d’une intelligence lumineuse, c’est pourquoi c’est si déchirant le plus souvent.

Jimmy Scott- Why Try To Change Me Now

Jimmy lui se laisse aller, comme chez Billie Holiday un grand moment de crudité sentimentale, le tout enrobé de violons distingués, extrait de Falling In Love Is Wonderful le disque que tout être humain homme, femme (ou moins définis comme Jimmy )doit écouter.

Milton Nascimento - Irmao de Fe

Du Jazz ?? Peu importe, ici absence de vibrato comme chez Chet Baker mais plus de puissance, arrangements sublimes.

Sarah Vaughan - Fly Me To The Moon.

Un grand moment d’acrobaties vocales diverses et variées, à ce stade on parlera plus de magie que d’autre chose.

Carla Bley Band - Musique Mécanique ii (at midnight)

Le titre le moins directement accessible des « musiques mécaniques » un peu Nino Rotesque mais moins que les autres, un grand moment de sincérité chez le chanteur Roswell Rudd ? et un grand morceau de musique populaire tout court.

Tim Buckley - Lorca

Du Jazz ? Ben oui on est plus proche de Coltrane ou d’Albert Ayler que de Dylan, la voix de Buckley est un instrument comme les autres, un instrument souple aérien et complètement souverain, le tout est sidérant et comment dire hum ! Un poil exigeant.

Robert Wyatt - Shipbuilding.

L’une la ? Plus belle chanson d’Elvis Costello, de la musique populaire avec les habits du Jazz, contrebasse, piano et orgue mais avant tout une CHANSON magnifique.

Billie Holiday - Day in, Day out.

Des jours avec des jours sans, Billie n’est pas toujours déchirée et abandonnée pour preuve ici ça Swing sévère comme dirait Michel Leeb

jeudi 10 février 2005

Jackson C. Frank



Pourquoi Jackson C. Frank est il si « bouleversant » ? Commençons par le début : l’écoute tout d'abord discrète puis estomaquée d’une chanson, Milk And Honey, entendue presque par hasard, et une question immédiate : comment fait-il ? Comment fait-il pour être si triste ? Comment fait-il pour supporter autant de tristesse ? Comment, et pourquoi a-t-il pu écrire une chanson aussi délibérément sublime ? Quelques questions en suspens donc et de vagues réponses dans la biographie du bonhomme, à proprement parler stupéfiante de poisse et de misère mêlées, une vraie catastrophe, ou plutôt une multitude de catastrophes !

Voilà c’est parti, tout d’abord deux trois histoires qui ont couru comme autant d'appels incertains vers la réalité... Jackson C. Frank serait mort dans un accident d’avion... il aurait fui l’Amérique pour épouser une charmante suédoise... il tiendrait incognito une flamboyante station service à Detroit... En fait l’histoire est bien plus simple et tragique. Jackson C. Frank est mort, il a fini SDF invalide, borgne et complément cramé par une succession de dépressions galopantes !

Jackson C. Frank est né à Buffalo dans l’état de New York en 1943, il a passé sa petite enfance dans la ville d’Eleyria en Ohio, où, très doué pour le chant, il fait partie de la chorale locale. Lorsqu’il a 11 ans sa famille déménage dans la petite ville de Cheektowaga, c’est là qu’il vivra un premier et abominable traumatisme, son école un jour en plein cours de musique est ravagée par un incendie qui tue dix-huit de ses camarades de classe et laisse Jackson gravement brûlé et traumatisé à vie. Pendant les longs mois d’hôpital qui vont suivre il va se morfondre entre douleurs terrifiantes et désespoir le plus complet, jusqu’au jour ou l’un de ses professeurs lui offre une vielle guitare qui lui permet de retrouver un peu d’espoir. Il apprend en effet très vite et est, a priori, assez doué pour la musique. Voilà c’est donc décidé il a trouvé « son chemin », il sera musicien et rien d’autre, une sorte de consolation par l’art... Sorti de l’hôpital au bout de sept mois de douleurs, la première chose qu’il fait, c’est de s’acheter une vraie guitare sérieuse, une Gretsch Streamliner électrique, il est assez vite capable d’aligner quelques accords incertains et plus ou moins harmonieux, Elvis Presley est sa plus grande influence.

La famille s’installe un peu plus au sud dans le Tennessee et, histoire presque irréelle, à l’age de treize ans sa mère l’emmène à Graceland dans l’espoir d’une rencontre hypothétique avec l’icône naissante Presley, et prodige la rencontre se fait !!! Elvis descendant l’une des allées de son dysneyland personnel tombe sur le petit Jackson et sa maman qui lui raconte l’histoire effroyable de l’incendie, le King serre la main du jeune garçon et l’invite dans sa propriété ou il lui fait passer un après midi entier auprès de ses parents !! Pour le petit Jackson c’est une révélation ; comme s’il rencontrait le messie, une expérience qui ne le quittera plus jamais, il quitte la villa irradié !

Vers l’âge de seize ans la famille revient dans la région de Buffalo, amoureux de la tradition folk américaine, celle des pionniers, il commence à se produire dans des petits clubs locaux, son répertoire est composé essentiellement de vieilles chansons de la guerre de sécession qu’il vient de découvrir avec une passion toute juvénile. A l’age de 17 ans il rencontre John Kay le futur leader de Steppenwolf, les deux amis traînent beaucoup ensemble et découvrent toute une « faune » de chanteurs de Blues. Après le concert d’une gloire locale, l’excellent Eric Andersen, Jackson est enfin sûr de lui, il sera un grand « song-writer » lui aussi, mais conscient quand même qu’il faut un minimum de sens pratique il s’inscrit à l’université de Gettysburg, pensant devenir journaliste si sa carrière musicale embryonnaire ne décolle pas. C’est à ce moment qu’un nouvel événement, en fait presque un miracle, va changer de nouveau son existence pour toujours : il perçoit en effet 1000.000 $ de dommages-intérêts suite à l’incendie de Cheektowaga... l’argent afflue et l’université et les études de journaliste soudainement n’ont plus beaucoup d’importance. Avec son ami John Kay il décolle pour Toronto où ils achètent une Jaguar et essayent de dépenser un maximum d’argent en un minimum de temps, ils écument encore plus les clubs de blues jusqu’à ce qu’un jour Jackson tombe par hasard sur un article de journal affirmant que les plus belles voitures de collections se trouvent en Angleterre, sur un coup de tête il embarque pour Londres avec pour seuls bagages sa précieuse guitare et une valise pleine de Dollars.

Bon les voitures sont bien jolies mais Jackson les oublies très vite car il découvre ébahi la scène folk londonienne : une extraordinaire révélation pour lui, c’est vrai que pendant sa traversée de l’atlantique une mélodie incessante lui trottait dans la tête, saisissant sa guitare et un petit cahier il avait écrit les mots et la musique de « Blues run the games ». En quelques minutes limpides d’euphorie, cette chanson qui parle en creux de son passé, de sa vie, de ses espoirs et de son futur, continue à être aujourd’hui un classique absolu, une merveille de blues blanc tendre et solaire. Nous sommes en 1965 et en plein Swinging London naissant, Jackson est littéralement happé par toute cette effervescence, il hante les clubs et rencontre une femme selon lui merveilleuse, Judith Piepe qui comme par hasard loge deux chanteurs dans son petit appartement, ces deux chanteurs sont Paul Simon et Art Garfunkel !!!

Jackson depuis le début de son séjour londonien avait écrit pas mal de choses, ce matériel pour l’instant brut il le fait écouter à Simon, qui reste tétanisé et absolument impressionné par ce style si particulier et par un talent qu’il pressent comme aussi foudroyant que celui d’un Dylan, il lui propose de produire un album, l’album en question sera le seul et unique ! Il est enregistré en moins de trois heures dans les studios CBS, Jackson terriblement troublé et nerveux demande qu’un écran le cache pendant qu’il chante et joue, voilà c’est parti les bandes tournent, la machine est en route cela sera l’un des albums les plus obscurs et mythique de l’histoire du folk.


Laissons parler Jackson : « "Blues Run The Game" ne ma pas pris longtemps, je l’avais écrite sur le bateau qui m’emmenait en Angleterre. "Don’t Look Back" est inspiré par un meurtre dans le sud, le meurtrier était libre, le meurtrier était blanc, la victime noire, souvenez-vous que dans les années 60 il y avait beaucoup d’injustice en Alabama, c’est une chanson sur les rapports entre blancs et noirs. C’est ma seule "protest song". "Kimbie" est une chanson traditionnelle, que j’ai entendue beaucoup quand je voyageais au Canada, j’ai décidé de l’inclure sur mon album, "Yellow Walls" évoque une vieille maison où je vivais non loin de Buffalo. La chanson parle de mon départ de cette maison pour les grandes villes et leurs lumières colorées. Al Stewart joue sur le titre. Il n’a jamais été crédité, j’en ai bien peur, mais c’est bien lui qui joue dans le fond. "Here Come The Blues" est une jolie tentative d’écrire une chanson de blues classique. Elle a quelques bons changements d’accords. J’ai toujours aimé "Milk And Honey" mais je sais que la version de Sandy Denny, est beaucoup plus belle. "My Name Is Carnival" est le titre d’on je suis le plus fier. Je suis étonné qu’il n’ait pas été sélectionné comme single : la mélodie est jolie et les lyrics assez intéressants. La chanson parle d’un cirque qui se déplace sans cesse et des sentiments doux-amers que ces déplacements incessants procurent. Ma première tentative de faire une chanson plus sérieuse était "Dialogue", j’ai été très influencé par le folk européen sur ce titre et le texte est très important, c’est aussi ma chanson la plus triste. A l’opposé, "Just Like Anything" est pleine de non-sens. Un peu de soulagement comique après l’austère "Dialogue". La dernière chanson de l’album, "You Never Wanted Me", parle d’une rupture amoureuse. »

L’album est reçu avec ferveur par la petite communauté folk, John Peel le passe régulièrement dans ses émissions sur la BBC, les auditeurs enthousiastes contactent la radio pour avoir plus d’infos sur cet inconnu formidable qui semble tomber là comme par miracle ; Jackson commence une série de concerts, il est également invité à la TV où il joue quelques titres de l’album. En même temps il a rencontré celle qui sera un court instant son « âme sœur » celle qui a cette voix si particulière, diaphane et puissante à la fois profondément nimbée d’une tristesse infinie, celle qui a un talent certain pour serrer les cœurs, son nom : Sandy Denny, la plus belle perle du folk Anglais, une apparition, un autre miracle après le « miracle Elvis », mais laissons parlez de nouveau Jackson : « Quand j’ai rencontré pour la première fois Sandy elle était terriblement timide et peu sûre d’elle-même, un peu comme moi, nous traînions tous d’eux dans un club de Londres, le Bunjies, elle y était tous les soirs, Sandy était infirmière et commençait juste une indécise carrière de chanteuse, elle accumulait lentement un répertoire assez merveilleux mais n’osait pas le montrer au monde, elle est devenue presque naturellement ma petite amie, je l’ai obligée à quitter son emploi d’infirmière pour qu’elle devienne une vraie chanteuse à plein temps, elle est devenue plus sûre d’elle et a étalé petit à petit son talent au grand jour, je me souviens de Sandy essayant mes nouvelles chansons et j’ai tout de suite compris qu’elle avait un potentiel extraordinaire. »

C’est donc une rencontre magique, une alchimie totale, Sandy était bien ce qu’en dit Jackson, une apparition, ceux qui ont écouté sa version de « Milk and Honey » savent de quoi je parle, son destin sera tragique - morte à 30 ans au pied d’un escalier incertain.

En 1965 Londres est la capitale de la musique occidentale. La scène rock est fermement établie par les Stones et les Beatles, et déjà le mot se passe dans l’underground : la prochaine chose, la prochaine tendance c’est le folk, une multitude de songwriters américains affluent, Dylan, Joan Baez, Buffy Sainte-Marie, Tim Hardin... Jackson fait partie de la bande, il est l’un des leurs et fait la tournée des clubs folks, mais écoutons-le à nouveau :
« A partir de 1965 j’ai beaucoup tourné avec Tom Paxton, j’ai rencontré Pete Seeger lui faisant faire le tour de Londres dans ma superbe Jaguar j’ai connu John Rebourn, Bert Jansch et John Martyn, j’était totalement impliqué dans la « scene » , j’aidais de mon mieux les autres plus pauvres que moi... »

Pourtant tout a une fin et à partir de 1967 Jackson C Frank est miné par une terrible dépression, il n’a jamais été à l’aise en public, il est maladivement timide et le trac le rattrape, l’empêchant physiquement de se produire sur scène. L’inspiration aussi le quitte, il n’écrit plus une seule ligne, en 1968 il tente de réécrire quelque chose pour un hypothétique second album, la scène folk n’a pas tellement pris en fait et le public est plus intéressé par le psychédélisme naissant que par un chanteur obscur, un peu autiste et introspectif, le public est bien le seul, dans sa petite chambre un post adolescent Rilkien, Nick Drake enregistre quelques demos magiques fortement inspirées par l’oiseau C Franck.


Jackson est bientôt complètement découragé, son histoire avec Sandy Denny appartient au passé et les nouvelles d’Amérique ne sont pas bonnes : l’album ne se vend pas, sa maison de disques le laisse tomber et surtout le trésor de l’assurance est presque entièrement épuisé. Avec le très peu d’argent qu’il lui reste, il rentre aux Etats Unis. Nous sommes en 1969. Il va vivre un temps de quelques gigs occasionnels parfois catastrophiques, sa créativité la complètement quitté, ses textes restent à l’état de misérable ébauches à moitié gribouillées sur une multitude de papier déchirés... Comme une forme d’exorcisme il fait un peu de journalisme, rencontre une nouvelle âme sœur et remonte petit à petit la pente ; il s’installe dans la région de Woodstock, il se marie, devient père, il recommence un peu à écrire et envisage même de nouveaux concerts, mais nouvelle catastrophe son fils meurt en bas age et sa femme effondrée le quitte !!

Nouvelle dépression... la plus terrifiante qui soit, là il tombe carrément dans un puits sans fond, il abuse effroyablement des médicaments qu’il prend pour tenter de survivre, tenter de survivre comme on tente de se suicider ? Il commence à entendre des voix, se replie entièrement sur lui-même, dans un accès de lucidité il demande à être interné en hôpital psychiatrique, il s’en échappe très vite et prend un autobus pour New York espérant retrouver Paul Simon par miracle comme en 1965 à Londres, mais de miracle cette fois ci il n’y en à pas, il ne le retrouve pas !

En 1975 c’est pourtant dans ces conditions extrêmes qu’il enregistre cinq chansons inédites, qui seront son testament, bouleversantes, complètement hantées, suintantes de désespoir terminal, c’est l’une des plus belles traces qui soient et la preuve de son grand talent gâché... Il retourne pourtant bien vite à ses absences, hospitalisations multiples et lassantes, il devient petit à petit clochard dans les rues de New York cherchant peut être un nouveau Paul Simon, qui sait ?

Un jour il est agressé par balle ; il perd l’œil gauche au passage, il devient presque totalement infirme, ses deux jambes sont terriblement atrophiées par les rigueurs de la rue. Un jeune fan de musique folk de la région de Woodstock Jim Abbott le retrouve après une vraie enquête policière, il le recueille et l’aide à remonter la pente, Jackson reçoit quelques misérables royalties pour son album de 1965, il enregistre même quelques demos en 1995, longtemps disparues, les bandes de Jackson C. Frank (l’intégralité de son seul album de 1965 et les cinq titres enregistrés en 1975) réapparaissaient en 1996. Elles vont combler ceux qui ne connaissaient Jackson C. Frank que par interprète interposée, en l’occurrence Sandy Denny, mais sa santé et vraiment trop fragile et il meurt en 1999.

Ps : Les propos de Jackson C Franck sont peut être le fruit de mon imagination.





Discographie

12" 1965 Jackson C. Frank. EMI Columbia

7" 1965 Blues Run The Game./Can’t Get Away From My Love

12" 1978 Jackson Again. B&C Records.

CD 1996 Blues Run The Game. Mooncrest

CD 2001 Jackson C. Frank. Castle Music

CD - 2003 Blues Run The Game

2003 The Brown Bunny. Tulip Records Milk and Honey BO The Brown Bunny

mercredi 9 février 2005

Petite selection Folk

Le folk c’est faire avec ses moyens au sens stricte, faire avec soi même, faire avec une guitare en bois depuis 100 ans ou aujourd’hui le Labtop peu importe, c’est un genre dont la principale moelle est la solitude qui fouille l’intime et ne cherche pas le clinquant,une musique aussi par essence voyageuse, peu importe en fait les moyens il suffit qu’ils soient légers et nomades même si ce sont eux qui définissent le style .


Alors donc on parlera de musique folklorique terme peu ragoûtant, musique des racines de la communauté oui mais on parle aussi de gens qui transcendent tout cela d’artistes quoi !! qui se dégagent du folklore de l’anecdotique pour paradoxalement parler d’eux mêmes et être donc au cœur du monde et loin de leurs voisins.

Karen Dalton- It Hurts Me Too

Jackson C. Frank-Blues Run The Game
Roy Harper - Song of the Ages
John Martyn- Solid Air
Nick Drake - Milk and Honey
Richard & Linda Thompson-The Great Valerio
Vashti Bunyan - love song
Sandy Denny - Here in silence
Townes Van Zandt- kathleen
Tim Hardin - Love Hymn
Jim Croce - These Dreams
Duncan Browne - Dwarf in a tree
Emitt Rhodes-Someone Died
Bill Fay-Time Of The Last Persecution
Beau Brummels - Triangle
Phil Ochs- Pleasures Of The Harbor
Harry Nilsson-Living Without You
Colin Blunstone - Her Song
Tom Rush - No Regrets
Tim Buckley - The River
Fairport Convention - Farewell, Farewell
Gram Parson & Emmylou Harris-love hurts
Gene Clark - Spanish Guitar

jeudi 3 février 2005

Hommage-Christophe Tarkos "poète"(1964-2004)



"Faire de la poésie c'est mettre les pieds dans le plat la tête la
première."

Christophe Tarkos


Les ouvriers vivants grandiront la mort.

" Ouvrier vivant tu es mort, non, je suis vivant, tu n'es pas né, je suis né, tu es mort et absent, non je suis là et vivant, tu n'existes pas, j'existe, tu n'es pas là, je suis là, tu ne travailles pas, je travaille, tu ne lèves pas les poutres, je lève les poutres, tu ne dors pas, je dors, tu ne manges pas, je mange, je te ferai disparaître, je ne peux pas disparaître, tu n'as jamais été là, j'étais là, tu ne marchais pas, j'allais au chantier tous les matins, tu t'en vas, je ne m'en vais pas, tu es mort, je suis vivant, tu es vieux, je suis jeune, tu es vieux et triste, je suis jeune et joyeux, tu ne vas pas au travail, je vais au travail, il n'y a plus de travail, il y a encore du travail, il n'y a plus d'espoir, je suis l'espoir, il n'y a plus de force, j'ai des forces, il n'y a plus de volonté, j'ai de la volonté, tu partiras, je resterai, tu n'as plus le droit de marcher, je marche, tu n'as plus le droit de parler, je parle, tu n'as pas le droit de chanter, je chante, tu n'as plus le droit de lever les yeux, je lève les yeux et je regarde, tu as traversé la rue en dehors du passage pour piétons, je n'ai pas traversé la rue, je suis resté sur le même trottoir pendant toute la durée de mon chemin, je n'ai pas traversé, tu ne chemineras plus, je cheminerai, tu ne sais pas, je sais.Je suis la vie, je suis la vitalité, la vie vivante, l'énergie nouvelle, la nouveauté, le sang frais, la jeunesse du pays, la force vitale, la jeunesse au travail, l'espoir au travail, le chantier ouvert, l'ouverture vers l'avenir, la force vive, l'énergie fraîche, le métal souple, l'animal vivant, le nouveau civilisé, le corps à l'oiieuvre, le nouveau départ, le travail de la naissance, la souplesse tendue, la force du travail, les rires, les rires des vies, la prouesse, la construction, l'élan vers l'avant, les combattants, le courage, les Oeuvres ouvertes, les nouveaux hommes à venir, la montée en vigueur, la poussée, la production, le germe du monde à venir.Le droit ne couvre pas le monde, le monde déborde de ce que le droit en jeu joue, est un peu plus grand, passe par les trous du droit, le droit joue, articule, sait articuler, articule jusqu'à l'absurde, le droit n'est pas clair avec le droit, le droit trouve des règles introuvables, contradictoires, des règles pour ne pas pouvoir répondre aux règles, des règles pour se retrouver devant une impasse et ne pas pouvoir passer, dans les trous du droit la légère poussée des voies de fait, des faits, des c'est fait pour pousser à la faute, le droit à des trous qui ne voient pas l'homme vivant, le droit oublie, le droit ne voit pas, le droit apporte des collections de papiers, de papiers couverts de signes, signatures, marques de tampons, le droit est bizarre, et pervers, et mensonger, les institutions des administrations n'appliquent pas le droit, ne veulent pas appliquer le droit, inventent le droit par les faits. J'amène mes fiches de paye, j'amène ma déclaration d'impôt, j'amène mon courrier et mes quittances de loyer, j'amène le papier qui prouve que j'ai été détenu, j'amène le visa de six mois, j'amène mon passeport, j'amène mon acte de naissance, j'amène la convocation, j'amène la facture de téléphone et la facture de l'électricité, j'amène quatre photos d'identité, j'amène la preuve d'un dépôt de dossier auprès de l'office français de protection des réfugiés et apatrides, j'amène trois relevés de notes de mes études anciennes, j'amène un certificat médico-légal de l'hôpital de Lyon, j'amène la décision de rejet de l'OFPRA, j'amène un certificat de mariage, j'amène une attestation d'hébergement, j'amène les enveloppes du courrier que j'ai reçu à mon domicile depuis des années.Je dois faire la preuve que je suis là pour démontrer que je suis un clandestin, je suis un homme caché qui doit montrer tous les papiers du travail non caché fait depuis des années pour rester caché, je montre que je n'étais pas là pendant tout le temps où je payais mes impôts ici en travaillant ici, je dois démontrer que j'ai été détenu pendant deux ans dans un pénitencier secret, je dois montrer que je n'étais pas là mais que je payais mes impôts, je ne dois pas ne pas être là, je dois montrer que je suis là parce que je ne dois pas être là, je dois me montrer pour prouver que je suis un véritable clandestin irrégulier, je dois me montrer sûr de mon dossier de preuves qui prouvent que je suis un véritable clandestin, un travailleur qui est bien resté longtemps caché dans le pays, qui n'en sort pas, qui n'en ai jamais sorti, qui y était très bien caché, je ne dois pas être là mais il me faut ne pas avoir été là pendant plus de dix ans et prouver que j'étais bien l'ouvrier qui n'existait pas pendant dix ans, je suis l'interdit, il m'est interdit d'être là, je suis le dissimulé qui réclame d'être vu, je suis un clandestin inexistant ayant payé ses impôts pour son travail clandestin, je suis le caché prouvé, que je prouve que j'étais bien caché pendant dix ans, que pendant dix ans on ne me trouvait pas et que je travaillais légalement, je dois prouver que je suis un des meilleurs clandestin, un des meilleurs homme caché, montrer combien je me cachais bien et que je travaillais visiblement, légalement, honnêtement, prouver combien il est difficile de se cacher tout en travaillant légalement, je dois faire preuve d'un don de dissimulation de clandestin inscrit auprès des services fiscaux, je dois prouver et démontrer que je suis bien entré dans le pays par une voie irrégulière de façon clandestine par des chemins détournés, que j'y suis resté de façon irrégulière longtemps, je dois prouver que je suis vivant.Les vivants gagneront sur les morts.Les ouvriers vivants grandiront la mort. "



Christophe Tarkos "poète"(1964-2004)

Ubu.com

Ubu.com fait le travail de mémoire que n’ose pas par exemple France Culture,mettre à disposition des heures d'enregistrement à télécharger ou à écouter, des textes à lire de poètes dadas, surréalistes ou pataphysiciens, des dessins, des articles, de la musique Des calligrammes d'Apollinaire aux musiques de Duchamp...

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