lundi 31 décembre 2007

Alain Peters - Mangé pou le coeur



Des complaintes poignantes chantées dans un créole mélancolique et nostalgique, du bues, oui du blues passé par le delta du Mississipi et qui retourne un peu plus à l’est, vers ses racines africaines. Le takamba, cette guitare sahélienne au son souple et métallique. La vie du bonhomme passe, une vie déchirée par le zamal ( l'herbe locale ) l’alcool, l’autodestruction et la fulgurance assumée. Alain Peters loin des clichés touristiques et de la prétendue World Music, il est mort en 1995, "Mangé Pou Le Cœur" une crise cardiaque… c’était un poète magnifique...

dimanche 23 décembre 2007

Rick James - Super Freak



Enterrons les folkeux , bois et nylon compris , dépeçons le post-rock volorécepteurs compris, urinons en cœur sur ce reste de prog-rock en sous pull lycra marron compris. Dégoupillons les tristes figures dodécaphoniques, et prions par Saint Rick James , prions et gigotons ! Ceux qui ne gigotent pas seront pendus à l’aube…

Voilà Rick James ! Rick James est un pilier !

mardi 18 décembre 2007

Tuyauterie



On n’est jamais trop méfiant en entrant dans les journaux d’écrivains, il y a toujours cette menace qui plane, cette intuition mauvaise, le salon des voisins, mais les voisins approximativement nus, avec de piètres préoccupations quotidiennes, des problèmes de canalisation, de la tubulure intime. Pas trop chez Kafka (c’est pourquoi son journal vol au-dessus des tuyaux) mais beaucoup chez les autres : vous voyez les voisins où la tuyauterie est souvent bouchée ? Donc il est parfois un peu trop question de choses trop intimes pour êtres honnêtes, toutes ces histoires de constipation notamment, il faut que ça sorte, comme les mots. Banalement écrire c’est se départir de choses et d’autres, se vider comme on vide ses intestins, souplement ou non. Bref pour résumer benoîtement, la littérature c’est souvent stricto sensu de la merde qui tente de déguerpir ! De la merde déployée sous les yeux d’un liseur un peu gêné qui se demande pourquoi il est là penaud dans le salon de ses voisins dénudés qui eux le regarde en déféquant de conserve (Manzoni style). Le journal de John Cowper Powys est de ce tonneau là, on y parle plus souvent lavement et ulcère que Diogène et écriture et Il faut bien avouer que l’on est un peu gêné devant la monomanie particulièrement glutineuse du bonhomme pour les lessives intimes…
Résumons une journée de John Cowper Powys: Heure du lever à la minute prés, bref aperçu météorologique. Puis sa journée : sa première promenade en compagnie de son chien « le vieux », ses prières autours des arbres, qu’il enlace… des pierres qu’il embrasse… Son premier repas suivi par un après-midi d’écriture, sa seconde promenade (extase devant les pierres à nouveaux encore les arbres…), le thé, suivi du coucher. Rythme lancinant, rythme embrumé, rythme de l’écrivain uniquement perturbé par l’administration de lavements tous les trois jours. Régularité métronomique des lavements ! Tous les trois jours vlan ! c’est lavement ! Les lecteurs pourront trouver tout cela confusément repoussant, ils auront certainement raison, mais ce rythme là cadencé par des boyaux propres et lustrés tous les trois jours à l’avantage de former un cycle quasiment musical (drôle de musique.) Pour le reste et au-delà du raz de l’intime ulcéreux, il y a dans ce journal, l’arrière plan de ce qui fait une œuvre complètement singulière par un bonhomme complètement singulier : des obsessions à la pelle… cet amour viscéral de la nature par un barde celtique tordu.. des grandes phrases pleines de méandres.. des perceptions qui partent en vrillent et électrisent le lecteur… tout cela est sinistre, parfois presque drôle, complètement torturé et tortueux… Tortueux comme l’amour cintré de John Cowper Powys pour T.T., son amour américain, celle qu’il regarde avec le filtre nympholepte d’un autre grand tordu chasseur de papillons « Suis resté à écouter la Pluie et à faire semblant d’être T.T. ! Je fais ça quand je suis d’humeur si Nympholepte que je veux jouir des jolis membres de ma petite fille dans une espèce d’Extase Absolue ! » Rassurez-vous T.T. n’est qu’une petite fille fantasmée, mais Cowper Powys lui est bien un drôle d'exogène de la norme, comme tous les écrivains ?

John Cowper Powys - Petrouchka et la danseuse (journal 1929-1939)
.

jeudi 13 décembre 2007

Chambre verte



Un grand maelström plein de stupre, une grande chanson d’amour (vache) Un magnifique salaud, un salaud magnifique (ou l’inverse), qu’il repose en paix

lundi 10 décembre 2007

Le « croquignolet » du jour - David Johansen



Ben voilà un jour on était cinq à boire une bière et on s’aperçoit qu’il y avait un batteur, un bassiste, deux guitaristes et moi ! Ben vlan ni une ni deux on monte un groupe ! Moi j’avais des bouts de textes qui traînaient et un local pour répéter, un truc immonde qui appartenait à un louer de vélos dont je baisais la mère. Un vrai quignon de merde ce loueur de vélos, il avait tellement peur qu’on choure tout le matos de son bouiboui qu’il nous bouclait dedans à double tour de minuit à six heures du matin. A six heures, il se pointait l’air méfiant et ébouriffé et nous laissait sortir en échange d’une modeste rançon de trois dollars, après dans la rue échappés du bouiboui on l’entendait de loin taper sur notre batterie comme un dératé, un drôle de loueur de vélos ! le local a flambé quelques années plus tard …
Au début on jouait du rhytm’n’blues des reprises d’Otis Redding, Archie Bell, Sonny Williamson.. Notre public était principalement noir… et saoul. On faisait de notre mieux, en faisait les malins, le show, le petit Sylvain gigotait et les clodos tapaient dans leurs mains. Un jour un type nous a repérés, Martin Thau un drôle de gus il se pointe là devant nous, nous fait miroiter des trucs et des bidules et nous signe !
Je ne suis pas un intellectuel, mais à l’époque je fricotais pas mal avec la clique d’Andy Warhol, la factory tout le machin, la nébuleuse de trafiqués du ciboulot, piquouzés et autres travelos - que du bonheur quoi ! Et ben voilà que nous les petits gars purement hétérosexuels on s’inspire de ça ! Le « Théâtre du ridicule » c’est le truc coco ! Ce putain de cirque sybarite c’est pour nous ! Alors voilà les bas résilles, les talons hauts et le maquillage. Faillait voir Johnny Tonnerre marcher pour la première fois avec des talons hauts, une sacrée rigolade, en plus il était si peu straight Johnny Tonnerre !
Donc moi je prends les bidules et les fanfreluches de chez Warhol mais en fait le vrai théoricien c’était Killer Kane. Un type avec des goûts musicaux d’une perversité sans nom, un type capable de réciter les vers d’une chanson des Seeds et capable de me demander de les méditer ces fameux de vers ! Un mystique du rock psalmodiant un extrait d’une seconde face des 13th floor avec un air de conspirateur. Johnny Tonnerre était plus hard rock et le petit Sylvain plus pop un peu amoureux de T Rex et de l’autre bouclé de Bolan.
On est devenu assez hype, et assez vite , une petite attraction rafraîchissante pour la faune new-yorkaise. On jouait rarement devant plus de cinquante personnes dans notre élément quoi à l’aise et et puis voilà que Martin Thau nous envoie en Angleterre faire la première partie des Faces avec ce connard de Rod Stewart ! C’est le début du cirque, de la foire de tout le boxon en fait, les Anglais nous regardent de travers mais nous adorent en fait, on devient le truc… Apres en Angleterre il nous arrive du croquignolet et du moins croquignolet : je ne sais pas par exemple qui a eu l’idée débile de plongé Bill Ficca notre batteur dans un bain d’eau froide, ben il avait pris un peu trop d’amphétamines et bu un coup de trop mais bon il s’étouffait dans son vomi alors l’immerger dans une baignoire glacée c’était bien une idée d’anglais, Bill est mort il s’est noyé dans cinquante centimètres d’eau et nous on est rentré à New York avec un gros mal de tronche, pour tout dire on l’avait assez mauvaise.
Ah ! Oui tiens aussi en parlant de vomi, cette histoire de « vomi punk .» Vous vous souvenez, en 77 tous ces groupes qui se mettaient à gerber sur scène en ce réclamant de l’héritage des New York Dolls ? Ok c’était juste une énorme connerie, un accident. Un jour, pendant notre seconde tournée anglaise, précisément à Newcastle. on avait passé la journée à boire de la bière rousse locale comme des chameaux -à croire qu’on voulait faire des réserves-. Jerry Nolan notre nouveau batteur avait dû boire encore plus que nous autres parce que le soir, pendant le concert, en plein milieu d’une chanson le voilà qui gerbe sur ses fûts. Il ne s’arrête pas de jouer pour autant. Il cogne ses caisses comme un dératé et commence à projeter des miettes de dégueulis tout autour de lui. Du coup, vous voyez ce que c’est : quand quelqu’un vomit autour de vous, entre le spectacle et l’odeur, c’est contagieux vous avez toutes les chances de vomir à votre tour, une réaction en chaîne. La théorie des dominos. Et ben voilà ça n’a pas raté ! Killer Kane n’a pas tardé à dégueuler aussi, sans s’arrêter de jouer. Quand le petit Sylvain a vu ça, il s’est mis à gerber aussi. L’odeur finit bientôt par incommoder Johnny Tonnerre – qui de toute façon a toujours été.. heu… fragile de ce coté là – et Johnny se met à l’ouvrage lui aussi quasiment devant mon nez ! La seconde d’après j’ouvre la bouche pour chanter et c’est mes tripes qui sont sorties. Du coup, ces cons d’Anglais ont pris ça pour un jeu de scène. Ca leur a plu, et ils se sont tous efforcés de faire pareil. On a fini le concert devant des types qui s’enfonçaient l’avant bras dans la gorge pour mieux vomir. La presse en a parlé et pendant le reste de la tournée anglaise, il s’est trouvé des types pour se forcer à gerber pendant que l’on jouait. Un truc très chic, une mode ! Il y a aussi cette histoire à Orly où Johnny avait gerbé sur les pontes de notre label et la presse de titrer « Les New York Dolls vomissent sur le show biz » alors que tout ça était accidentel, que Johnny avait seulement le foie fragile après un vol arrosé de moult cognacs…
En revenant de cette tournée mémorable, même ma mère ne me croyais pas ! Elle était scandalisée « Quand même David, tu devrais réfléchir avant de faire des choses pareilles. Tous ces jeunes gens qui t’admirent et cherchent à t’imiter. Tu ferais mieux de leur donner l’exemple plutôt que des les inciter à vomir partout ! Comme si de vrais musiciens vomissaient sur scène !»
Apres le vomi et tout ça les albums, le presque succès et tout le toutim, ce petit con anglais, Malcom McLaren est arrivé il nous avait habillés avec des pantalons en cuir rouge et des trucs communistes dans le fond. Ce type se prenait pour notre manager alors qu’il était tout juste notre habilleuse et rien de plus ! En fait des managers on en avait au moins cinq ! Ils passaient leur temps à s’engueuler entre eux. C’était distrayant … Un jour Marty Thau c’est barré pour Alan Vega et l’autre barge de Martin Rev, et nous à laissés avec ces requins. Le début de la fin.
On a fini le truc par une tournée misérable en Floride Johnny gerbait (une manie) il était en manque, nos dealers habituels ayant été arrêtés par la police de cet état de merde il avait décidé de tout planter pour se réapprovisionner tranquillement à New York, et me voilà tout seul avec le petit Sylvain en Floride au milieu des petits vieux, les autres préférant suivre Johnny Tonnerre. Fin de l’aventure comme ils disent…
A présent ma maman serait fière de moi, je fais dans le cabaret, Buster Poindexter c’est moi les autres sont tous morts ou presque, j’ai le foie solide et une femme adorable, je suis un rescapé voilà c’est ça.

dimanche 9 décembre 2007

Glen Campbell - Guess I'm Dumb



On pourrait écrire pas mal de choses sur Glen Campbell… son enfance passée dans une ferme de l’Arkansas au milieu de onze frères et sœurs … ses débuts de musicien vagabond arpentant le Wyoming… son atterrissage incongru à Albuquerque (morne Albuquerque, mais de bien jolies fusées...) son départ vers les lumignons de Los Angeles où il deviendra tour à tour membre des Champs (Téquila !)... session man ouvert au plus offrant et même remplaçant d’un Brian Wilson qui ne voulait plus sortir de sa chambre… On pourrait parler aussi du recentrage de notre ami Glen vers une variété country parfois brillante, de quelques courtes merveilles créées pour lui par le jeune Jimmy Webb, d’un album avec Bobbie Gentry (oui « Ode To Billy Joe » elle) . On ne parlera pas d’un mauvais film d’Henry Hathaway où Campbell tourne autour de John Wayne (on en parlera pas car Campbell est un héros de John Ford…)

En fait ici nous parlerons surtout de « Guess I'm Dumb » cette symphonie adolescente adressée à Dieu que le faux garçon de la plage offrira à notre vrai trimardeur du Wyoming ; l’une des plus belles chansons de Brian Wilson... Chanson lumineuse, interprétation lumineuse, de la mélancolie mais pas de plein pied, affleurante, de la pudeur et la preuve de l’existence de Dieu, tout simplement… quand on lui parle vraiment Dieu répond, dans l’espace entre la mélodie et la voix il est là.

vendredi 7 décembre 2007

Peter Grudzien – The Unicorn (1974)



Je voulais écrire deux trois choses sur Peter Grudzien, l’inventeur de la country-psychédélique gay, un type intriguant pour le moins, un type à présent prisonnier de lui-même mais qui enregistrerait toujours certains « all night, when there are no distractions, no phones ringing, no car horns »… un type qui serait selon Jello Biaffra « a madhouse hillbilly from the Twilight Zone » Peter Grudzien se croit (est ?) persécuté depuis 1969 et ce pour avoir participé aux fameuses « Stonewall Riots » de 1969 (source de la fierté gay…) … En tous les cas Grudzien a de multiples raisons d’être fier.. son seul et unique album « The Unicorn » classique obscure de country cosmique bricolée dans le garage… son statut de White Trash gay connu par au bas mot trois cent happy few dérivant dans le cosmos…

Je voulais également écrire deux trois choses sur Dion, pas Céline non l’autre, le teen idol rescapé du Bruid Building (et bientôt grand chrétien expié). Je voulais vous parler de son album de 1975 «Born to Be With You » Album où il y a Phil Spector son mur (pas trop) et de la chantilly, un beau disque presque boursouflé, mais je ne vous parlerais pas de tout ça car je ne suis pas très inspiré, voyez-vous….

www.myspace.com/petergrudzien

jeudi 6 décembre 2007

David Thomas and The Pedestrians - The sound of the sand and other songs of the pedestrians (1981)



Le piéton est un quidam humanoïde se déplaçant à pied, en marchant ou en courant, on l’opposera au transporté, individu découragé par lui-même, qui lui, se contente d’être déplacé tel un roi fainéant par moult véhicules motorisés ou non… automobiles, colportages en commun en dehors des périodes de débrayages, cycles automatisés, veaux, vaches, cochons… Le piéton est adepte d'un mode de transport dit « doux. » Sa vitesse est de l'ordre du mètre par seconde (5km/h environ) Un minimum de marche journalier est nécessaire pour le bon fonctionnement de tout corps encore un peu frétillant, un minimum de marche au gré du hasard est réputé nécessaire pour le bon fonctionnement de toute âme encore un peu sautillante. Il faut savoir qu’un maximum de psychogéographie outdoor est également nécessaire pour atteindre une indispensable déréliction poétique face aux choses. Aux tristes possesseurs de GPS (Global Positioning System) je ne dirais qu’une seule chose : piétinez ce morne boîtier en polymère aggloméré et chantez sous la pluie !
Il y a trois photos vaguement connues d’Alfred Jarry. L’une prise par Nadar où Alfred pose plein de morgue dans une attitude trop moderne pour être honnête, une autre (photo de classe recadrée) où il ressemble à un Rimbaud en pire, la troisième, la plus intrigante, c’est cette photo prise devant le phalanstère de Corbeil où le père d’Ubu, drôle de casoar à moustache, chevauche sa bicyclette Clément Luxe modèle 1897. Une bicyclette achetée à Laval et qu’il ne paiera jamais vu que figurez-vous Alfred avait des choses passionnantes à faire en dehors de payer des bicyclettes ! Psychogéographer à dos de vélocipèdes, par exemple… tirer à l’arme à feu sur les enfants des voisins… grimper dans les arbres tel l’orang-outan ou le rouge gorge...
On rapprochera le vélocipédiste du piéton dans le sens où les deux se consument eux-mêmes… dans le sens où ils n’usent pas la bête ou l’énergie fossile….
Ah oui ! David Thomas et ses piétons dans tout ça ? Chacun sait ce que le replet David doit à Jarry et énormément, notamment cet esprit dada qui fait la grâce de Père Ubu en dehors des périodes brumeuses au-dessus de Tokyo. Et bien figurez-vous que dans cet album de 1981 (premier de l’oiseau en solo à plusieurs) l’esprit est là, parfois plus dadais que dada, avec parfois plus de fantaisie pastorale, et en tous les cas un casting impeccable pour accompagner un Crocus faisant mine d’être seul … John Greaves, Mayo Thompson, Richard Thompson, Philip Moxham… Drôles de piétons sachant faire habilement avec les trottoirs. Drôles de trottoirs où il faut savoir coexister avec d'autres éléments aux cinétiques différentes (charrettes à marmots, patins à roues alignées, etc.) ou paralysés (mobilier urbain), tout cela pourrait créer des tensions sans un minimum de souplesse !

dimanche 2 décembre 2007

Harry Nilsson - 1941



« When I started «1941», I wanted to write a song revolving around a number. So I thought I'd write a song about a year. First I tried 1944. It didn't work. Then I tried 1941. Yes, it clicked! Originally, I had planned it to be a war song. -- Harry Nilsson »

«1941» ne sera pas une « war song »… ou alors un drôle de guerre, une chanson personnelle, une « autofictive song » on en tirera un film (mauvais ?)