mercredi 29 octobre 2008

Chuck E. Weiss - The Other Side Of Town (1982)




Souvenez-vous de ce fameux trio qui hantait le Tropicana Motel et les bars environnants. Souvenez-vous de Rickie Lee de Chuck E. et du petit Tom, les trois en pleine précaire stabilité orbitale autour des bouteilles de Jack Daniels. Souvenez-vous de Rickie Lee et de son béret rouge fatal, de Tom avec toutes ces histoires qui lui passaient dans le gosier pour mieux finir dans l’oreille de Chuck E... Oui Chuck E. le plus magnifique glandeur de la cité des anges... oui lui ! Bref avant que votre mémoire ne flanche, souvenez vous de Rickie Lee Jones de Tom Waits et de Chuck E. Weiss : un drôle de ménage à trois bien chiffonné.

Les souvenirs bientôt là, posés pérennes, il vous faudra alors écouter ce disque, et au creux de ce disque surtout écouter « Sidekick » ce duo avec la blonde au béret rouge : du bonheur chancelant et paresseux sur le comptoir. Je ne passerais pas l’éponge, un autre pour la route mon bon Chuck E. !?

dimanche 26 octobre 2008

Robert Byrne - Blame It On The Night (1979)



M. Hermès posa finalement le disque dans le compartiment. Son regard glissa de la cime des arbres vers le blanc des rideaux. La musique là, sans aucune nostalgie, il pénétra bientôt dans le domaine des hommes élastiques. Cette quiétude indifférente*, ce concret qui glisse vers l’imaginaire, l'attachant à son écoute, il se retrouva comme lié et avec au fond de la gorge une saveur de salive propre … C’est ainsi que bien attaché il parvint assez vite à trouver quelque chose de commun avec lui-même et qu’il osa finalement avouer son goût pour le non-crucial. Pour vous, et pour vous seulement, voilà un court extrait de son carnet d’ audionaute de fond, M. Hermès est parfois de bon conseil :

Le grand retour du confortable de haut vol, plus IUSP que ça (Immaculate ultra-smooth pop.) tu meurs ! Imaginez des musiciens vicieux et professionnels que Steely Dan et Fleetwood Mac réunis font office de Punk Not Dead biturés en comparaison... imaginez des langoustes dans les pianos à queues et, pour rester chrétien, imaginez de la cocaïne de la plus pure extraction au fond des calices. On frôle le Billy Joel sans tomber vraiment dedans et c’est ce qui est si bon mes amis !

PS : Je cours de ce pas faire l’emplette de deux seins en silicone de gabarit raisonnable (accrus d’un litre de javel).

* Cette brève énergie phosphorescente qui saisit le corps comme après un fugace sprint diurne.


vendredi 24 octobre 2008

Living on velvet - Frank Borzage (1935)



Très petit Borzage de seconde main ; néanmoins délicieux car tanguant imperturbablement et à son habitude vers le monde du sentiment amoureux… Vous-voyez bien ce monde où nous ne sommes plus que deux à bien vouloir croquer dans un serpent docile pendant que la pomme de Newton nous tombe sur la tête…. Alors même s'il y a plus de matière (le monde supposé réel et palpable) dans les Grémillon à avions, même si Borzage est tellement mieux et plus haut ailleurs, ne boudons pas cette courte love story (1 h15) autour des aéroplanes qui si elle n’est pas dans le sublime a au moins le mérite de flotter dans le spirituel (des dialogues satinés) et dans les nimbes pétillants d’un noir et blanc plus heureusement lactescent que charbonneux.

Ps : Flotter dans le spirituel n’est pas donné à n’importe quel quidam venu, demandez à Guillaume Tell ou à Williams Burroughs ils ont des réponses sous la forme de projectiles divers et variés qui dans un léger décalage vers le bas à gauche pourraient pincer le cœur (voir pire).

Nb : Quand chez Borzage les couples se séparent, il y a toujours un fil pour les rattacher, les lier, un téléphone, ce bon vieux télégraphe... J’en déduis que piétiner le moindre téléphone portable, et ses fils oubliés, à porté d’oreille devient d’une urgence brûlante… Pour internet la chose est moins claire, plus sournoise, il y a bien des fils mais enterrés, cachés… et si cette toile là progresse, reste à savoir dans quel but et dans quelle direction. J’imagine des réponses et n’aimant pas les boussoles je suis inquiet voir au mieux circonspect.

dimanche 19 octobre 2008

The Fatima Mansions - Bertie's Brochures (1991)



Le pire et le meilleur de ce bon Cathal Coughlan. Le pire : deux bidouillages electro pour faire le compte… Le meilleur : deux titres splendides en ouverture et pour mieux (en) finir deux reprises sublimes, Long About Now de l’ontologique Scott (Engel) Walker et surtout The Great Valerio du barbu définitif Richard Thomson. Ecoutez cette voix qui s’élève au-dessus des fagots, cette voix qui monte vers les nuées qui tourne autour des stratus, écoutez cette putain de cover dans les nuages ! Cathal est grand Cathal est immense !

Ah ! Oui j’oubliais le pire en mieux et pour faire le compte, une version sarcastique et pas piquée des hannetons de la scie « remiste » Shiny Happy People et un prêche furibard anti Mario Vargas Llosa qu’on se demande bien pourquoi.


samedi 18 octobre 2008

Sleepers - The less an object (1977-80)



N’ayant pas plus de courage que d’inspiration et encore moins d’intentions bienveillantes je me contenterais du plus élémentaire factuel et je vous signalerais simplement ce disque là qui tourne et retourne métallique et vénéneux sur une platine invisible. (le numérique est invisible à tourner). Voilà donc la fiche de la clique primesautière susdite Sleepers dûment tamponnée par les bons soins d'Edvige ma muse gracieuse.

Punk mythique west coast : « Joy division avec des couilles ». Ricky Wilson chanteur foutrement azimuté, fondateur des essentiels Flipper, puis éjecté des Flipper, ensuite là, énorme avec les Sleepers. Lentes chansons gothiques en accords mineurs, ontologique lourdeur qui pèse de tout son poids, vague bruit narcotique et spectral qui flotte sur du malaise palpable, terrible impudeur des lyrics…
Ricky Wilson mort depuis de son beau trépas, l’espérance de vie dans le punk mythique west-coast frôlant d’une larme celle du brave kolkhozien au bord du Dniepr au milieu des années 80. Kurt Cobain perpétuera la tradition. Les survivants joueront derrière Mark Eitzel.


mardi 14 octobre 2008

Pauline Murray & The invisible girls (1980)



Le casting est impressionnant, outre au gazouillis la mousseuse (et ex Penetration) Pauline Murray, on notera dans une sorte de farandole raide : Vini Reilly, Bernard Sumner et leurs courtes guitares crispées, Martin Hannett et sa grosse basse… un John Maher rescapé de l’onanisme foutrement adolescent qui tape sur ses peaux comme un vrai homme prodigue en testostérone… Le tout est produit par l’équipe de choc Factory, Chris Nagle en observateur distant et Martin (encore lui) Zero Hannett en facteur d’ambiance, il y a de pires souteneurs.

Seul hic au passage, car il y a un hic, ce disque n’est que très occasionnellement agréable et reste pour l’essentiel anecdotique bien malgré la distribution.
La pochette est jolie et sponsorisée par Kleenex. (j’aime beaucoup les gorges diaphanes)

dimanche 12 octobre 2008

Remake / Remodel N°7



« Me tenant hors de ce moi distant j’ai pensé, me voyant dans l’être et son électricité : je vais finir moi aussi.»

jeudi 9 octobre 2008

Psychogéographie Indoor (9)



Ce matin je me suis réveillé l’air vaguement circonspect. Hirsute et encore dans les embruns d’une narcolepsie tenace, il a fallu que je déploie savamment un corps encore rempli de mollesse non diurne vers une direction à même de ne pas m'embrouiller plus que de raison. Je concède aisément que cette direction ne pouvait pointer vers l'extérieur, le fameux outdoor du quidam ordinaire, la saison est dans les promesses de frimas et nous autres psychogéographes refusons par principe acquis les frimas matutinaux. Je me suis donc rabattu vers une direction moins glaçante : en l’occurrence l’intérieur, oui le fameux moelleux de l’indoor, ! Il y a tellement de choses à faire dans la douceur de indoor : la pratique souple et néanmoins assidue de la gymnopédie par exemple, le repos de l’esprit dans les choses du corps consécutif à cette pratique, et ensuite l’inverse ; des buts à atteindre, des objectifs à remplir : faire baisser la pile de livres à lire par exemple. Le commun des mortels me croira ou non mais cette tâche de prime abord peu risquée, la lecture... se révèle être de temps à autre plus périlleuse qu’il n’y paraît, le danger rode en permanence et s’il est toujours agréable de lire lové au creux d’un canapé écru il est parfois problématique de laisser un corps assoupi, ensommeillé par une lecture catatonique, glisser de cette mème splendeur molle Ikéa (le canapé !) vers un sol froid comme le trépas . Heureusement pour mon carrelage (crème) je ne laisserais choir aucun corps qui soit ayant pris de façon fort habile la sage précaution de me concentrer sur des choses plus que très éloignées de la rentrée littéraire qui devrait nous occuper. Donc pas de rap mou angotien, pas d’angélus de Millet, la jalousie m’épuise, rien des larmes de Régis Jauffret , rien du monstrueux rendez-vous Houellebecq, Bernard Henry Levy, cette hydre à deux têtes, patibulaire sous les ramures de cenelles ; pas de tout le toutim tintammaresque et donc de facto pas de narcolepsie sur canapé… ou alors très peu. Pour du nouveau non assomant on cherchera du côté de Jean Echenoz et de Zatopek… de Pierre Mérot et des boissons fermentées, d’autres que j’ignore et qui sont sûrement partisans de la gymnopédie et de la pyschogéographie réunies…



Ah ! Outre ces mornes considérations embrumées je pense avoir passé plus de temps à recoller les pages de mon volume de Trois hommes dans un bateau - une vieille « bibliothèque verte » défraîchie – qu’à le lire. Tout cela n’a que très peu d’importance et le double avantage de faire le bonheur des sociétés 3 M et Exacto. Ajoutons qu’entre deux bricolages, quidam bricoleur et accessoirement lecteur, j’ai éprouvé la félicité du petit télégraphiste et de la raccommodeuse réunis autour de 200 pages noisette, avec dans le fond sur l’horizon, un soupçon de charme bruni en bord de Tamise ; une armée mexicaine réquisitionnée pour planter un clou, du non-sens et des digressions mousseuses autour des sports à rames. Bref que du bon, voir pire de l’Anglais !

En dehors de l’humour anglais, car il y a des choses posées à côté de l’humour anglais, il faut lire La Chine en folie de ce bon Albert Londres. On y trouve beaucoup de cacophonie et dans un désordre plus que mal peigné, moult mercenaires, quelques bandits, d’incontestables provinces autonomes, une guerre civile, un empereur, deux présidents de la République, trois super-dictateurs et dix-huit moyens tyrans…
On imagine sans peine que ce grand bordel généralisé est loin de l’efficacité du parti communiste chinois et de son plus de « temps de ciboulot disponible » supporté à bout d’exhalaison par la firme de boissons gazeuses localisée à Atlanta. Un terrifiant caducée à deux têtes que cette paire là, pire que la machine de l’oncle Jarry, bien pire.
Ah ! oui au fait, au-delà du super dénonciateur en chef Albert Londres était quand même aussi (et surtout ?) un drôle de zigoto, drôle… très très drôle.



En restant dans le drôle et en oubliant la chine à l’est, vous allez pouffer de me voir ainsi nager dans le cacochyme le plus arthritique qui soit, mais l’Intermezzo du terrible Jean Giraudoux bien que vieillot, désuet et mordoré, reste un bidule délicieux et craquant. Un bouquet délicat d’aveline et d’humus …dans le nez, sous les yeux, dans les oreilles et sur l’estomac…
Ajoutons, pour le factuel, que cette pièce, cet intermezzo là, genre d’espèce de proto-beckett limousin avons l’heure légale, avait été crée en 1933 à la Comédie des Champs-élysées ; ajoutons également, et pour faire bonne mesure, qu’elle était portée par une distribution éclatante : La délicieuse Valentine Tessier, l’encore mouflette Odette Joyeux, l’immense vocaliste en chef Louis Jouvet, le fantomatique Pierre Renoir et le toujours fiévreux et noyé dans le sublime Robert Le Vigan, en somme que du bon !
La musique est de Francis Poulenc, ce qui ne gâche en rien la lecture.

Je ne parlerais pas d’autres lectures, le très oublié Bonheur des tristes de Luc Dietrich, grand livre désarmant sponsorisé par Gandhi, René Daumal et le margoulin Gurdjieff, le vif ardent Ouvert la nuit du rectiligne Morand, Barcelone, années folles, voix ferrées et femmes libérées : « Il est tard. Nous nous levons. Le restaurant est vide. Je l’aime pour la vie. Pendant qu’elle va au vestiaire, je reviens à notre petite table et secrètement je lèche sa cuille ».
Je ne parlerais pas non plus de L’été finit sous les tilleuls du confortable Kléber Headens : Bouvard, Pecuchet , l’admirable cruche Emma en équilibre aléatoire sur le buffet des hussards. Jolie petit livre, avec un petit charme. Je me demande si c’est un compliment.

Pour finir un peu penaud, je ne parlerais surtout pas des Belles endormies de Yasunari Kawabata puisqu’une fois ce livre fermé je me suis retrouvé là tel le quidam moyen posé songeur devant la Joconde. Oui c’est magnifique, très beau voir plus et tout ce que je pourrais en dire ne serait qu’une infinitésimale goutte de rien dans un océan de tout ; alors je ne dirais rien, motus gorge cousue.

vendredi 3 octobre 2008

Mix of the week – N°3



« Sans doute, même l’expérience de la madeleine ne se réduit pas en vérité à de simples associations d’idées. Mais nous ne somme pas encore en état de comprendre pourquoi ; en ramenant la qualité d’une œuvre d’art à la saveur de la madeleine, nous nous privons à jamais du moyen de la comprendre »

Au menu :

Hoagy Carmichael - Stardust 2:28
Chet Baker - The Thrill Is Gone 2:52
Jean Sablon - Un seul couvert please James 3:19
Willie Nelson - Moonlight In Vermont 3:27
Sue Raney - My Ideal 3:31
Billie Holiday - One for My Baby 5:43
Dick Haymes - It's Magic 2:30
Ray Charles - Georgia On My Mind 3:40
Beverly Kenney - Ball And Chain (Sweet Lorraine) 3:05
Frank Sinatra - When No One Cares 2:43
Hoagy Carmichael - Two Sleepy People 3:08

11 songs, 38:58 minutes