dimanche 29 mars 2009

Seeland -Tomorrow Today (2009)



Les Everly Brothers et les Four Freshmen (et donc les Beach Boys) , la Space Age Pop de Raymond Scott et la manière retorse de Joe Meek, Left Banke et les Kinks, Cluster et Eno… la tentation Synth-Pop de Soft Cell et même l’excentricité relâchée de Monochrome Set… Plus près des temps qui nous occupent (nous accablent ?) l’évidence mélodique des Magnetic Fields voir pire en mieux le retro futurisme flottant des High Llamas …Bref voilà c’est un disque qui, petit miracle, ne s'enlise dans aucun marais post-moderne, sait d’où il vient et invente astucieusement en s’élevant avec le passé sous ses pieds ! Un disque où - au-delà de toutes ces choses évoquées plus haut - l’auditeur pourra écouter onduler des synthétiseurs rêveurs et apaisés, twanger des guitares qui font twang et résonner des chœurs pleins de bonté pop.
L’auditeur affirmera que cet « aujourd'hui demain » est léger, non-amnésique et futé, qu’il est plein de promesses printanières et donc de saison, l’auditeur aura bien raison.

PS : Pour le casting Seeland est un genre d’espèce de mini super groupe : Tim Feltron échappé de chez Broadcast (Ah !Trish Keenan ) et Billy Bainbrirdge ex Plone (« For Beginner Piano » petite merveille labellisée Warp)

jeudi 26 mars 2009

Circlesquare - Songs About Dancing And Drugs (2009)



Dois-je avouer ma primo-perplexité devant ce bidule post-moderne mollement posé entre Carl Craig et les Talking Heads ? Pourtant au final j’aime assez ça, il doit bien y avoir du bon dans cette semi-mollesse là, dans ce dub hannettien qui s’ignore, dans ce faux blues larvaire, madréporique et plus aboulique qu’un congrès de neurologues en goguette On ouïra sans peine « Hey You Guys » le premier titre, un bidule renfrogné plus maussade que l’ennui... mais en mieux, « Dancers » et son groove asthénique , comme noyé dans un élément glauque, et surtout «Ten to One » sorte de micro climax post partout (moderne, punk, opératoire..) et vrai délectation morose.
Pour mieux en finir, frôler la précision, on ajoutera que l’auteur de la chose évoquée affiche un beau visage de lymphatique boréal, une bien belle mèche saupoudrée et une remarquable non-voix d’endive blême, ce qui ne gâche rien en rien… ou l’inverse.


dimanche 22 mars 2009

Jeremy Jay - Slow Dance (2009)

De Bobb Trimble aux garçons coiffeurs eighties, de Jonathan Richman aux machines cramoisies pour rien, de l’innocence des pionniers (Gene Holly, Buddy Vincent) au post-modernisme sournois (Tom Devoto, Howard Verlaine), bref du noir et blanc de son premier album aux teintes rose délavé de celui-ci, Jeremy Jay aurait découvert la perversité post-pop. Oh rassurez-vous pas grand-chose d’inquiétant dans cette perversité là ! un léger décalage, un beat neurasthénique : « Gallop », une guitare raide, une courte ligne de synthétiseur rachitique jouée avec un doigt, ce laconique dégoût nasillard dans la voix : « We Were There » de l’évidence mélodique un peu partout. En gros rien de compliqué.... Notre power-pop boy peigné circa 75 secoue quarante années de culture rock et les chansons tombent… vous me direz que la recette est simple et que c’est celle d’un adolescent indolent peu préoccupé par toutes ces histoires de transmission et de transcendance vers le style qui devraient occuper un vrai songwriter digne et mûr… et vous aurez raison, car Jeremy Jay n’invente rien pas plus qu’il ne transcende. Vous me direz aussi que ce disque ne tient pas la route sur une pourtant ridicule distance de 32 minutes… et vous aurez encore raison. Vous me direz qu’il n’y a que trois vrais bons titres et que le reste sent le remplissage la rentabilisation pop et l’amortissement digital à pleins naseaux, vous me direz tout ça et vous aurait tort d’avoir raison… écoutez « Winter Wonder »… chose curieuse cette chanson, la meilleure chanson du premier album de Jeremy Jay, est plantée au beau milieu de son deuxième album, c’est pervers, compliqué, je tourne autour du pot et rien ne tombe… va-t-il falloir que je secoue quelque chose ?

dimanche 15 mars 2009

Dali's Car - The Waking Hour (1984)



Curieux attelage ! Soit Peter Murphy guttural faux désespéré, vrai fossoyeur de Bela Lugosi chez Bauhaus, Mick Karn fretless bass et zigzagant en chef chez les garçons coiffeurs de Japan : Gropius et Mishima, chèvre et chou, carpe et lapin...
Le disque est agréable, paresseux, calme et vaguement romantique… un jardin touffu où la basse de Mick Karn se déploie ; reptilienne et plus placide que venimeuse, sorte de boa sans frets enrobant une suite de mélodies lymphatiques… Au-dessus du discret étouffement s’élève une petite troupe de cuivres tranquilles, des claviers presque tempérés ne demandent rien à personne et la courte succession de percussions pointillistes qui charpente le tout doit plus à Seurat qu’à Dali… De son côté, mais avec le reste, Peter Murphy est très bien, un peu détaché, un peu amer, moins guttural pour rien. On oubliera sans peine le fatras mollement mystique des lyrics et on se penchera sur la curieuse pochette crypto-nympholepte, un bout de Maxfield Parrish, Daybreak huile sur toile peinte en 1922, du kitsch rêveur suranné, un peu comme le disque de Dali's Car en somme.


mardi 10 mars 2009

Robyn Hitchcock - I Often Dream Of Trains (1984)



Que faut-il pour faire un bon disque,? Une bonne dépression presque encore là, une guitare en bois et un piano de chez bastringue… Rien de plus, rien de moins.. On se pose sur un canapé, la voix d’un côté les instruments de l’autre, la dépression derrière et on laisse tourner la bande… tout paraît simple et d’une fluidité presque naturelle… encore faut t-il être vraiment ex-déprimé et corrélativement inspiré, dandy décalé barretien, anglais et excentrique … Bref en un nom être Robyn Hitchcock

C’est un bon disque, son meilleur disque, le plus près de l’os, celui où le cocasse surréalistique a le plus de mal à dissimuler des teintes bouleversées. Le disque d’un homme seul sur son canapé, le disque d’un rêveur ferroviaire, craintif et hésitant, plus ballotté que révolté.

On trouvera des mélodies curieuses et belles qui se débattent dans un monde étrange, délabré et un peu de guingois… Une cohérence tranquille, du drôle et du touchant et surtout un style propre et donc de l’invention... brigade légère, guitares boisées, piano (de chez bastringue) qui doit plus à Satie qu’au boogie et déprime encore latente ; rien de plus pour transcender les influences (Dylan, Barrett …) et s’inventer, se trouver, vraiment.

dimanche 8 mars 2009

The Nerk Twins - Either Way (1997)



Un beau disque power-pop, simple et subtil, un doux courant à distance des récifs, une délicate maladie que l’on voudrait contagieuse ( la perle est une maladie de l’huître…) On fera mine de se soigner dans les vapeurs d’un éther inaltérable et dès que les lourds vigiles du majoritaire tourneront la tête vers de bien concrets azurs on plongera pour des perles ; il faut savoir discrètement encourager la pandémie.

Soit donc Jeff Murphy, rescapé des Shoes, vous voyez bien ce séminal combo power-pop parfaitement chaussé pointu, Jeff Murphy et Herb Eimerman : lui quidam plus obscur, flou et moins défini , ces deux là et treize chansons… et sur ces treize chansons, chose incroyable, neuf perles ! neuf miracles nacrés ! « What Does It Take? », un vilain petit canard amoureux d’une étoile, ode à l’amour non partagé, le cœur serré comme chez les frères Everly… « Either Way » bondissante pop-song tout simplement digne des plus sautillants efforts liverpuldiens labellisés Lennon/McCartney , « Star Away » « Dream for Love » « I Still Don't Love You Anymore » archétypales power-pop songs avec l’amour toujours qui carillonne comme chez les éclopés de Big-Star voir les pendus de Badfinger. Tout cela serait déjà beaucoup s’il ne fallait faire avec l’humour plus que flottant de nos deux ostréiculteurs : « 2 Woman » les déboires d'un vrai schizophrène amoureux sur fond de fausse country rigolarde, mais avec toujours quelque chose des « sentiments réels et palpables »… « I Love Jamaica » les Everly chez les Farrelly , crystal sea you and me, si vous voyez...

Voilà, voilà, je ne sais pas si je suis si convaincant que ça, c’est pourquoi en espérant voir perdurer la pandémie et nonobstant mes sourdes inquiétudes je resterais vigilant et dans une apnée quasi perpétuelle. Plonger pour des perles, mourir pour des perles, plonger pour des perles … la perle est une maladie de l’huître, je plonge, je suis toujours vivant.


dimanche 1 mars 2009

The Gentry - Solitary (1986)




« On ne commence un travail de longue haleine qu'avec la certitude de ne pas être dérangé. Or je ne peux travailler, car je souhaite être dérangé. Ni par mes amis ni par toute personne déjà vue et connue. (Ici, petite, chanson.) » Georges Perros – Papiers Collés


C’est ici que le tremblement poldérisé commença, imperceptiblement, sournoisement, comme une maladie insidieuse :

Ou comment des troisièmes couteaux post-punks bataves, certifiés conformes et d’époque, écrasent toute la clique à mèche contemporaine (Editors, Interpopol, White Lies…) Sens de la dramaturgie, tambours qui inévitablement roulent dans l’escalier, basse plombée-plombante, chanteur vraiment concerné. Le tout un peu de biais, entre Television (sans le génie des cordes raides) et le meilleur de The Sound : ce très grand petit groupe oublié.