dimanche 29 novembre 2009

Minotaur Shock - Amateur Dramatics (2009)



Tiens, j’ai bien failli passer à côté de ce disque de Minotaur Shock alors que j’aime beaucoup Minotaur Shock ! Pour expliquer cet inexplicable oubli, il faut savoir que 4AD records, le soi-disant label indépendant de notre artiste concerné (Minotaur Shock, David Edwards dans le civil), avait cru bon et malin de le sortir, ce disque, comme on vote les lois scélérates à l’Assemblée nationale : en catimini, en août (de l’année dernière), et de surcroît uniquement sous forme compressé (en MP3 quoi). Bref si le soi-disant label indépendant de notre artiste concerné (David Edwards donc) avait voulu le noyer, lui et son nouvel opus, il ne si serait pas pris autrement...
Heureusement pour nous notre ami Edwards est beaucoup plus futé que les boss vaporeux de chez 4AD et il a eu la bonne idée d’autorééditer son propre opus semi-noyé pas plus tard qu’il y a peu, et ce, sous la forme non compressée d’un vrai disque palpable et tangible.
C'est donc cette autoréédition palpable et tangible que j'ai écoutée avec un plaisir non dissimulé. Pour tout dire et pour l'essentiel, c'est un disque guilleret, fringant, leste, ingambe (mais pas gambien), folâtre, primesautier, réjoui et même badin... Il y a toujours ces synthés bricolés, ces motifs répétitifs rachetés à un Philip Glass amoindri (dans le bon sens), cet esprit ludique et jongleur, qui court toujours et encore... Il y a aussi, chose nouvelle, de vrais instruments palpables, eux aussi : un violon, une clarinette, une flûte et un saxophone alto pas bégueule... Le mélange du palpable (analogique) et du non palpable (numérique) donnant à l'ensemble une allure plus organique et vivante que ma main droite ankylosée.
On écoutera « Jason Forrest » et son saxo alto planté par un beat Detroit-Techno avec ce synthé grincheux qui la ramène dans le fond et cette guitare raide shoe-gaze qui surgit par la bande. On écoutera « Accelerated Footage » ses blips en tir rapide, son synthé-basse quasi implacable et son saxo quasi klezmer ... On écoutera surtout le « Zookeeper » qui ouvre l’album, une chose, un truc, un bidule... tendre, avec piano ironique, rythme bancal et millefeuille répétitif ; une merveille de bricoleur avisé. D'ailleurs, il est bien possible qu’il n’y ait rien de mieux que les bricoleurs avisés peut-être parfois le théâtre amateur,mais rien n’est moins sûr....



samedi 21 novembre 2009

Tunnelvision - Watching The Hydroplanes (2005)



Tout ce qui a été enregistré par ces petits gars raides est rassemblé sur cette compilation. Les deux premiers titres sont produits par Martin Hannett, les six suivants par Peter Hook... Le reste est constitué de démos plus tendues que mon bras gauche. On constatera que c'est du Factory troisième lot (très lugubre, voire plus) et on dira que je suis capable de tout y compris d'aller jusqu'à déterrer tous les septièmes couteaux post-punks environnants dans le seul et unique but d'emmerder l'assistance. Voilà vous pouvez écouter, là en dessous, ce faux Ian Curtis amoindri. Je vous souhaite un bon week-end.

P-.S. Il y a un titre avec de la flûte de pan ce qui me permet d'envisager pour bientôt l'ouverture d'un symposium Post Punk et flûte de pan.


mercredi 18 novembre 2009

L’incunable du jour (2)





Paul Parrish n'est peut-être qu'un « another obscur troubadour from the early seventies » mais de lui il y a cette magnifique limonade liturgique qui donnerai presque envie de caresser dans le sens du poil le premier hippie qui passe.

N.B. De Paul Parrish il y aussi trois albums : un premier impeccable, un deuxième semi-impeccable et un troisième que je ne recommanderai pas à mon pire meilleur ennemi.

jeudi 12 novembre 2009

Plone - For Beginner Piano (1999)


« Et souvent ce n’est rien qu’un bulle d’enfance
Sous les lentisques du chagrin »


On ne dira jamais assez trop tout le charme qu’il y a dans ce seul et unique disque de Plone. Trois « amateurs », trois jeunes adultes et une drôle de musique : une musique d’enfants, rafraîchissante et reposante... Un horizon vert pomme sous un ciel bleu pastel, des mélodies simples, du sucre pour un film imaginaire... On se souviendra des pionniers electro-bidouilleurs, Perrey & Kingsley, de l’esprit de Satie (Érik) d'Ennio Morricone (sans la crispation morbide) de François de Roubaix (sans Louis De Funès.) de l’ameublement chez Eno (le déplumé en chef), de la candeur qui entoure les meilleures chansons de Stuart Moxham... On se souviendra de plein de choses douces, tendres et sucrées...
Les esprits retors trouveront que ces Plone là, faisaient dans le rétro futuriste vain et la néo musique d'ascenseur. Les esprits retors auront bien tort d'avoir raison, car il n'y aucun inconvénient à rester coincer dans un ascenseur avec les trois Plone(s), j'y suis coincé depuis bientôt dix ans, l'espace se fait rare, mais la compagnie est toujours agréable..





mercredi 11 novembre 2009

American Spring - Spring...plus (1972)



La pochette est problématique, le disque pas, saint Brian produit son épouse de l’époque. Un disque conjugal en somme, mais alors pas si simple que ça avec des titres beaux à pleurer Sweet Moutain, Forever  (beau comme chez Dennis) une reprise de  Superstar des définitifs Carpenters, j’adore les Carpenters et vous ? J’adore les Carpenters car c’est seulement l’insondable inertie, la pesanteur de la raison, qui s'oppose à la création d’un monde, en dehors des corps et les Carpenters sont en dehors des corps. Brian aussi, c’est et ce sera d’ailleurs son problème :  comment s'extraire de cette enveloppe de chair et comment tenter de flotter au-dessus ? Comment tenter de conserver un minimum de distance face à son propre corps avec cette somme de désirs dedans ? Expérience périlleuse, expérience qui ne laisse rien de sauf en dessous de soi.


samedi 7 novembre 2009

Chambre Verte - Jacno







Nous resterons inconsolés puisque nous sommes inconsolables... C’était notre dandy décalé à nous, l’homme de la Valstar (verte) et des Gauloises (bleues), le quidam qui savait si bien mal faire chanter sa fiancée sur la même ritournelle (toujours la même) , avec cette rickenbacker, ce synthétiseur hésitant joué debout avec cette classe aristocratique...

Lassé de laisser s’étaler les évidences du factuel et du chagrin réunis nous laisserons plutôt parler la gouaille de l’artiste :


Le truc marrant, c’est la façon dont j’ai rencontré Elli. À partir de quinze ans, je suis devenu une espèce d’école buissonnière ambulante, voleur par-dessus le marché. C’est à ce moment qu’il y a eu la bénédiction de ce fabuleux Debré. Il y avait une loi dont j’ignore toujours ce qu’elle pouvait être. Toujours est-il que j’ai été le premier et le dernier à voter la grève, à la fin on n’était plus que trois dans le lycée... L’idée était que moi, pendant les manifs, je balançais des callaisses sur les flics pour que la bagarre se déclenche... pendant ce temps, je cassais les vitrines et je volais ce que je pouvais... Le sale gamin. C’est là que j’ai rencontré Elli. Elle était au lycée des filles du même arrondissent et, qui dit gonzesse dit fourbe... Elle avait réussi à se faire engager dans le service d’ordre de la ligue communiste. C’est là que je l’ai repérée. Je vois cette fille qui n’avait apparemment rien à foutre de la manif... Elle était trop mignonne, elle avait un blouson Alice Cooper, avec un brassard et des écrous dans la main, et elle bricolait les vitrines. On s’est bien trouvé.

En 1976 il n’y avait rien à part Triangle ou les Variations. On avait dix-sept ans, on n'imaginait pas qu’on puisse gagner du pognon avec de la musique. Rien que pour ça, on était complètement inachetable. Tout ce qu'on pouvait rêver, c’était enregistrer un disque. Le premier était assez nul , je dois dire. C’était presque du live. Pendant la prise Elli chantait en yaourt... une sorte de faux témoin pour qu'on se repère. Et le type délégué par la maison de disques disait « Elle sont très bien ces voix, on les garde ! ».... on l’a fait en cinq jours. Dès qu’un morceau sonnait à peu près normalement, il y avait toujours ce type qui disait : « Parfait ! Bon, bougez pas, on enchaine sur le prochain titre »... Par contre pour le second, on a mis le temps et je reste persuadé que c’est un bon disque. j’avais appris à jouer de la guitare entre les deux.... Le premier c’était plutôt des barrés à toute volée.

Le punk en France c’était de la rigolade, mais pas plus qu’ailleurs. A Londres, c’était encore plus la rigolade, c’était même à hurler de rire, tellement ils voulaient du fric, les Sex Pistols et toute cette meute de petits cons. On avait participé à un festival qu’organisait Malcom Mc Laren , ils étaient tous là, je rencontre l’autre crétin, Johnny Rotten... je lui dit « viens boire un coup avec nous au bar » et lui qui me répond effrayé : « Je peux pas, Malcom nous a dit de ne pas sortir des loges avant le concert ». il était dans un trip showbiz insensé, tout en prétendant le contraire, évidemment. Un petit poulain ridicule. c’était des conneries tout ça... Comme leur truc d’épingles à nourrices; c’était un coup d’Elli ça. Malcom nous voit, il avait déjà sa boutique de fringues. Elli avait des épingles parce qu’elle n’avait pas de fric, alors elle raccommodait comme ça. Malcom était fasciné, il disait que c’était génial, qu’on devait sortir ça industriellement. Deux mois plus tard, il en bazardait partout, tout faits. Si ça, c’est pas de la rigolade... il n’y avait pas grand monde de sincère là-dedans, à part quelques-uns, les Clash...

PS : Quant tu es amoureux de quelqu'un, tu veux toujours le rectifier, tu veux l’idéal, alors c'est des reproches, des douleurs, et en même temps c’est des flashes, une bienfaisance qui te passe dans le corps, des doigts de pied à la tête. « « T’es loin, t’es prêt », c’est ça, l’entente parfaite, et puis, juste après, l’incompréhension... Comme des étrangers. On peut aller chercher sous l’eau, dans les étoiles, ça sera toujours pareil.

N.B. Après les images animées (en haut) les mots (au milieu) on écoutera (là, dessous) la plus belle chanson d’Elli Medeiros et Denis Quillard : Toujours les souvenirs, une « chanson de rupture » extraite des Nuits de la pleine Lune.

Les propos de Jacno ont été bidouillés (et volés) d’après (et dans) un vieil inrockuptible en noir et blanc.

mardi 3 novembre 2009

Felt - Crumbling The Antiseptic Beauty (1981)



On s'émiette dans la beauté antiseptique ! Ben, voyons ! Drôle d'émiettement, drôle de mille-feuille, avec toutes ces strates de guitares palimpsestes, et puis l'autre l'éthéré, là, crispé sur le sédiment comme si M (le maudit) prenait l'idée grotesque d'étrangler le chat de Tom Verlaine plutôt que les petites filles environnantes.
Pour le reste: belle cathédrale, beaux piliers, remarquables cascades nécrophores de Maurice Deebank, étonnants tambours tribalistes inversés de je ne sais plus qui, réfrigérante humeur crispée de Lawrence Hayward (on y revient, le maudit, c'est lui) et notable climat minimaliste résultat de l'addition des trois réunis (nécrophore, tribaliste inversé et crispé ).
C'est le premier disque de Felt, cette clique primesautière fera mieux par la suite.

P.-S. Que ceux qui ne m'entravent en rien se « renseignent » par ici, je ne suis pas d'humeur didactique (et il fait déjà nuit), les autres n'auront besoin de personne pour me comprendre, même pas de moi, je les embrasse...