mardi 23 février 2010

Nuggets - N°1





On commence par du « classique », le plus sauvage viendra plus tard... Enfin, on verra : le plus sauvage est plutôt dans
Pebbles... En tous les cas merci Lenny, merci Jac...


lundi 22 février 2010

John Terlazzo - Honour Among Thieves (1983)  



Il y a dans l’air comme des promesses de printemps : On imagine déjà des champs couverts de violettes, de jasmins, d’iris... On pourrait presque sentir le parfum délicieux des jardins et des vergers... comme chez Omar Khayam on pourrait presque entendre la « musique » des fontaines... Et puis voilà par hasard on (ré)écoute John Terlazzo et vlan ! l’hiver et la déprime sont de retour ! L’envie de chatouiller les tulipes nous quitte et il ne reste plus que la neige pour mal imiter les fleurs dans un ciel glacé.

Ceux qui n’ont jamais écouté John Terlazzo ne peuvent pas saisir la vraie nature de cet impressionnisme météorologique, je vais donc « expliquer », un peu...

John Terlazzo est un poète, un poète obscur, tellement obscur qu’on se demande s’il n’y pas plus obscur que lui, il a publié à compte d'auteur (private press) un « recueil » de chansons seul et unique en 1983 ; pour le reste, en dehors du fait qu’il est visiblement barbu et sicilien d’origine je ne sais pas grand-chose de lui . Ce que je sais par contre c’est que son disque est plus que très déprimant, qu’il est très influencé par Leonard Cohen, mais qu’il ferait passer Cohen pour un joyeux luron... Je sais aussi que c’est un beau disque sombre et austère, avec des mots sibyllins et des images lyriques, que ce « folk crépusculaire entouré de solitude » est porté par une voix de baryton amoindri sur laquelle vient parfois s'allonger une belle voix de femme éthérée (Delphine Seyrig ?). L’auditeur perspicace constatera que John Terlazzo n’est pas d’origine sicilienne pour rien, que chez lui il y a des mandolines et des madones avec quelque chose de doloriste dans le fond , quelque chose de chrétien … Au-delà de ses intuitives constatations théologiques, l’auditeur perspicace sera quand même très démoralisé par l’écoute de ce disque, car si c’est un vrai beau disque c’est aussi et surtout un vrai disque démoralisant... démoralisant comme le catholicisme. L’auditeur perspicace évitera alors John Terlazzo, les sacristies et les réverbères ; il espérera le retour du printemps. En attendant il préférera (ré)écouter Leonard Cohen en y trouvant moins de « douleur »...



dimanche 14 février 2010

Plush - Fed (2002)



Le désir de construire une œuvre est comme le désir amoureux, très violent, si violent que malgré l'inspiration le créateur peut parfois se retrouver dans l‘embarras. C'est ce qui est arrivé à Liam Hayes, un premier album à goût Bacharach, Walker (Scott), des chansons un peu forcées, un piano-solo, des promesses... Puis des panouilles dans le palace de Will Oldham où un temps il tenait guitares et claviers... Un peu plus tard ce Fed dont il est ici question. Un album si désiré et « cogité » qu'il devient au fil du temps problématique, un album que Liam Hayes à enregistré en deux ans tout en épuisant cinq ingénieurs du son (dont Steve Albini et John McEntire), un album qui a aussi mis six ans à vraiment sortir des cartons, tout est expliqué
ici.
Bon au-delà de la petite histoire et du trop plein d’amour de l’art écoutons cet album, écoutons ce Fed là. C’est un disque ambitieux, pas très loin de la « pop orchestrale » de Laura Nyro ou de Todd Rundgren. On pourrait aussi évoquer les volutes de jazz symphonique de Charles Stepney ou la brillance de Harry Nilsson
; celui de Nilsson Schmilsson... Les cuivres rutilent, les cordes palpitent, les chœurs foisonnent et le falsetto de Liam Hayes est constamment suspendu dans les limbes. Les chansons les plus faibles ont beau ployer sous le poids des oripeaux et du surarrangement réunis (ces rivières de cordes, ces cuivres tonitruants...) les bonnes chansons ne sont QUE renforcées par le studio et elles pourraient tenir toutes seules. Écoutez la soul aux yeux de bleues de « So blind » ou de « Having It All », écoutez les ballades et surtout écoutez « No Education », une chanson magnifique, un peu enflée mais magnifique, un grand huit sentimental avec des hauts, des bas, et ce qui reste le plus bel instrument de ce disque : la voix poignante de Liam Hayes, voilà...




jeudi 11 février 2010

The Brazda Brothers – Brazda Brothers (1973)



Il faudrait peut-être un jour écrire une histoire secrète de la fragilité et au cœur de cette histoire réserver un chapitre à la musique et plus particulièrement à la musique populaire. On pourrait par exemple parler des Brazda Brothers, un obscur combo canadien auteur d'un seul et unique disque rempli de cette fameuse fragilité. Une chose charmante enfouie et oubliée, retrouvée et sortie du temps par le hasard des techniques modernes de partage informatique prohibées par les multinationales de l’industrie du divertissement...
Donc les Brazda Brothers, deux immigrés russes (ou slovaques, ou bosniaques) qui se retrouvent par hasard au Canada, et qui au lieu de construire une cabane font plutôt de la musique... De la musique par mégarde, un peu comme on siffle en repeignant le plafond. Là où les choses se compliquent, c’est que le disque est presque très bon, un mélange de folk-rock aérien teinté de psychédélisme, du Neil Young poids léger ou ce qui pourrait bien être une version solaire du morse largué David Crosby et de son « If i Could remember my name ». Les paroles sont délicieuses dans un genre plus proto écolo panthéiste que mon coude gauche et les voix pour en revenir au sujet initial, sont d‘une fragilité contagieuse : Jonathan Richman avec l’accent russe sur « Walking Into The Sun », un blues blanc « Your Kingdom » à peu près proche de Tim Hardin, et un titre « Nature » qui sonne comme du Velvet Underground égaré au milieu des champs. Voilà, voilà ce n’est pas grand chose, léger, léger, et donc strictement indispensable.

P.-S. Dans le chapitre Brothers il faudrait que je vous parle un jour des Kaplan Brothers, une clique terrible et quasi-klezmer.